La nicotine

La nicotine est un alcoïde hygroscopique qu’on peut mélanger à de l’eau dans sa forme basique. C’est une substance qu’on extrait des feuilles de tabac où sa concentration varie entre 1 et 5%. La nicotine fait son entrée en France à partir de 1550, lorsque jean Nicot (qui importait les semences de tabac du Portugal) a commencé à en promouvoir l’usage en médecine. Le Dr Baillard prévient des effets particulièrement violents du jus de tabac en 1693, donnant des indices sur le caractère nocif de cette substance. En 1809, Louis Vauquelin publie une étude sur le jus nicotiana latifolia qui indique que ce jus qu’on obtient après une transformation du tabac, contient un principe azoté qui en fait un poison violent capable de tuer un chien en peu de temps. En 1830, le principe azoté en question est isolé, et on lui donne le nom de nicotine. Depuis lors, la substance alcoïde n’a cessé de surprendre. Claude Bernard a par exemple indiqué en 1883 que 0.06 grammes de nicotine pouvait tuer un homme ! Pourtant, la recherche moderne a commencé à en promouvoir l’usage dans la fabrication des insecticides. Ensuite, elle a constitué un élément indispensable à la fabrication des cigarettes. Aujourd’hui, on possède des preuves suffisantes qui indiquent que la nicotine peut faire beaucoup de mal.

Cette substance est responsable de la dépendance au tabac. Elle agit de façon très précise sur le système nerveux. En effet, le cerveau est doté d’un certain nombre de récepteurs de neurotransmetteurs naturels. Le récepteur s’ouvre et laisse passer une substance chimique libérée par le neurotransmetteur qui va exciter le neurone. L’un des neurotransmetteurs qui agit sur les récepteurs du cerveau est l’acétylcholine. Mais la nicotine qui est absorbée dans une cigarette met 7 secondes pour parvenir au cerveau et imite parfaitement l’acétylcholine quand elle se fixe sur ses récepteurs. Lorsque le canal s’ouvre, c’est à la fois du sodium et des ions de nicotine qui excitent le neurone. En conséquence, ces neurones se referment sur eux-mêmes et n’acceptent l’excitation d’aucun autre neurotransmetteur. L’accumulation de nicotine qui résulte de l’habitude de fumer augmente le taux de neurones excités par la nicotine. Ensuite, elle libère de la dopamine dans les noyaux accumbens. Une fois que ces noyaux sont fournis en dopamine, il se crée ce qu’on appelle le phénomène de dépendance. Le fumeur a du mal à se passer du tabac, car les noyaux accumbens en réclament constamment. Or, les drogues dures telles que l’héroïne et la cocaïne ont des doses de dopamine qui agissent exactement comme la nicotine. Il apparaît donc que cette substance est à la fois un poison et une drogue !

Les institutions sanitaires de France semblent avoir pris la mesure de la situation. En juin 2009, le décret JORF n°0062 du 14 mars 2009 stipulait qu’à partir de novembre de la même année, les insecticides ne devaient plus contenir de nicotine. Mais la substance continue de figurer parmi les composants basiques de la cigarette, et on en utilise pour fabriquer des patchs destinés à soigner des non-fumeurs. Cet état de choses horrifie de nombreux chercheurs. En 2007, l’un d’eux, le Dr Emmanuel Khalatbari a commis une lettre à l’intention de Mme Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé. Il y donne des preuves indiquant que la nicotine est un pesticide et un poison qui ne devrait pas être utilisé pour fabriquer des patchs destinés à l’intention des non-fumeurs. Mais il faudra du temps avant que la nicotine fasse l’objet d’une réglementation plus dure. Rien qu’en France où on trouve plus de 5 millions de fumeurs, le marché des patchs nicotiniques est estimé à des millions d’euros. La nicotine apparaît ici comme un marché lucratif, tant pour les firmes du tabac que pour ceux qui fabriquent des patchs.

Malgré des preuves évidentes de toxicité sur le système nerveux, la nicotine reste une substance indispensable pour toutes les entreprises de cigarette. Mais il ne fait pas de doute qu’il s’agit d’une substance dangereuse. Le Dr Koop n’exagérait certainement pas en 1988, et le temps a confirmé ses déclarations.